Petit lexique de la plongée par Pierre Ebelin ...


D'abord, les fondements de nos institutions:


Fédération: Entité sociale persuadée qu'elle était là avant la formation des océans, son siège social était déjà capitale du Gondwana. Ayant inventé la licence, elle l'affirme plus importante que le slip de bain. Tenant qu'on ne peut entrer dans l'eau sans licence, elle a en plus inventé le certificat médical, sujet sur lequel des générations de Présidents de Club se sont éreinté la santé, établi par qui?, signé depuis quand?, combien de temps est il valable?

Président: Sujet en général plein de bon sens, un peu âgé, un peu simple, avec souvent pas mal de bonne volonté mais qui n'a souvent pas compris que si dans un Club il n'y en a qu'un qui ira en prison, ce sera lui. Persuadé qu'il en fait trop, il est entouré de gens persuadés qu'il ne fait rien.

Secrétaire: Sujet en général comme en particulier moins amène que le Président, il veut souvent devenir Calife à la place du Calife, et comme il ne peut pas y arriver, il applique le règlement, ( qu'il a souvent rédigé lui-même, et que donc lui seul comprend).Les secrétaires sont partagés en deux groupes et seulement deux: Ceux qui en font beaucoup, mais dont les Présidents trouvent qu'ils en font trop; et ceux qui ne font rien, mais dont les Présidents trouvent qu'ils n'en font pas assez.

Trésorier: Chose ésotérique, souvent sympathique tant qu'il n'aborde pas les sujets qui fâchent, au vocabulaire incompréhensible, mais certainement utile, puisqu'il y en a un ( ou une) par Club.

Moniteur : Ce qu'on a trouvé de mieux pour remplacer les chiens de garde dans les piscines. Mais non !, je blague…sélectionnés avec précaution, ils ont la fierté de ceux qui savent que ce qu'ils font, c'est assouvir leur passion. Ils ont un caractère en commun avec le fameux Pili Pili du Kazakhstan, le Rhino Nain de Sumatra et le Diable de Tasmanie, c'est une espèce en voie de disparition. C'est un peu comme les baleines, c'est quand il n'y en aura plus qu'on se rendra compte combien ils étaient utiles...

Club: Ensemble de membres associés, il est partagé en deux, ceux qui cotisent mais qui ne viennent jamais ( on les qualifie de gentils membres, ils ont droit à la considération du Bureau), et ceux qui viennent régulièrement ( on a tendance à trouver qu'ils prennent trop de lignes à la piscine, de toute façon, ils nagent comme des enclumes et ne feront jamais de bons plongeurs).

Directeur de Plongée : Ne le dites pas, c'est le seul gars indispensable dans un Club, le seul qui sache compter ( autre chose que des sous). Il prend l'air important, a toujours un bloc et un stylo, tout ça pour être sûr qu'il y en a autant qui remontent que ceux qui sont descendus, comme si avec une deux fois sept millimètres, on pouvait faire des choses…De toutes façons, les assureurs sont formels, avec moins de douze pour cent de perte par an, le Club reste dans la norme.

Responsable matériel : Un gars sympathique, dévoué, le seul à parler des langues étrangères à force de lire les notices d'emploi. Finit par mal parler français, parce que à force de " visser à l'intérieur du sens des aiguille de le horloge la bout de le détendeur du lu premier étage tout en faire attention que le vis est pas félé, metter alors le fin de la seconde étage dans le sens inverse de la bloc des plongées…. ". Compense tout ça par un vocabulaire perso à base de Mark 8 de chez Machin, et de la casserole antigivre M158 de chez Truc à rajouter sur l'Octopus F512C à flexible compensé à tous les étages. Comme disait l'autre, estime que la plongée est une chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls plongeurs, en général un passionné, c'est aussi le seul à trouver la plongée sympa tant qu'il a pas à aller dans l'eau. L'eau pour lui? un truc pour remplacer l'air quand on reéprouve les bouteilles, pas plus... pas moins non plus...

Brevet : Objet de tous les désirs, il est dans les Clubs ce que le brame du cerf est en forêt de Rambouillet, un moyen de faire venir le gogo.

Puis le coté matériel:

comme dirait l'autre, du haut en bas.

Masque: Chose en plastique, assez chère, bien qu'on l'essaye en montrant qu'il doit tenir tout seul par aspiration, il a une lanière pour être sûr de ne pas le perdre. Son utilité? quand on en a trouvé un de bien, c'est le vidage de masque, quand il brille par son absence, c'est le tuba enchanté; il n'y a d'ailleurs à cette occasion que le tuba qui chante....parce que les moniteurs, eux, ils gueulent.

Tuba: Truc sympa, typique du plongeur ou du nageur, c'est une paille à l'envers. L'été fait chaud, t'es à l'air en train de glander, t'aspires et le coca frais monte, c'est la paille, ben avec le tuba, l'été t'as froid, t'es dans l'eau, t'aspires et c'est l'air qui descend. Une variante consiste à mettre de l'eau dans le tuba du voisin, fou rire assuré...NB: Les nageurs avec palmes le portent frontal, c'est pour pas qu'on les confonde, faudrait pas prendre les torchons pour des serviettes.

Combinaison: Ensemble plus ou moins épais fais pour protéger le plongeur du milieu extérieur. En fait il protège essentiellement le milieu extérieur du plongeur puisque c'est quand même le seul endroit où on peut pisser en public sans que ça paraisse vulgaire. Si vous utilisez une combinaison sèche, oubliez cette dernière phrase, vous vous feriez remarquer.

Néoprène: Matière fine, souple et noire qui sert à confectionner les combinaisons. Elle est très sensible aux changements de saison, toute l'année pendant l'entraînement, elle est stable, mais pendant l'hiver, quand on plonge pas, elle rétrécit. Victime de phénomènes de mode, pour en augmenter le prix sans doute, les fabricants en augmentent les mensurations, si cette année t'as une taille 48, ben l'année prochaine faudra que tu prennes du 50, la preuve c'est qu'avec du 50, on n'a même pas l'impression d'être trop large. Si les nageurs les prennent souvent toutes noires, les plongeurs aiment leur côté fluo, persuadés que les poissons sont daltoniens.J'oubliais, un conseil de MF1 ne dites jamais: ' J'ai grossi!' dites ' mon néoprène a ( encore...) mal vieilli!'

Poignard : Accessoire indispensable à tout plongeur ayant vu " Opération Tonnerre ". Si un collègue tente de vous couper sauvagement le détendeur, c'est Jèzebonde qu'il va avoir en face.

Appareil Photo : Caisson photographique vendu comme étant étanche, mais qui permet d'apprendre dès trois mètres, qu'il ne faut pas forcément croire tous les vendeurs.

Boussole: Objet que presque tout le monde a au poignet, mais dont personne ne sait l'utilité. Quant à s'en servir...

Profondimètre: Là c'est différent, il sert à mettre en évidence les capacités du plongeur. En général, il n'indique que 50mètres.

Chronomètre : Accessoire indispensable, ami des problèmes de plongée, il sert essentiellement à donner le temps qu'il reste avant de pouvoir sortir de l'eau sans être ridicule.

Parachute : Je sais pas…, vu son nom, ça doit empêcher de se fracturer le crane quand on s'explose en surface ? C'est le monde à l'envers ? A ce tarif là, une gueuse, c'est un parachute ascensionnel ?

Tables de plongée: Choses qui ne servent qu'à passer des examens. Au début on n'y comprend de toute façon rien, et dès qu'on commence à comprendre, on se rend compte qu'il faut être suicidaire pour, en l'espace d'une heure ou deux ( mais toujours le matin…), plonger, remonter son moniteur inconscient en catastrophe, descendre immédiatement pour aider à décoincer l'ancre, monter dans un hélicoptère pour aller plonger dans un lac d'altitude, tout en se demandant si l'après midi, il vaudrait mieux pas attendre une heure ou deux avant de prendre son bloc à moitié vide et recommencer; un peu inquiet mais serein quand même puisqu'un bloc d'oxygène pur est au pendeur ....

Ordinateur de plongée: Le meilleur ami du plongeur, il permet d'éviter les tables et quand on plonge comme on veut, lui, il le sent et il devient tout noir et illisible pendant deux jours. D'une électronique délicate, il se dérègle facilement, un faux contact malheureux le fait bipper à chaque remontée, et ce, qu'elle qu'en soit la marque.

Ceinture de plomb: Objet offert en général par l'épouse pour être sûr que l'être cher ne remontera pas, mais comme les plongeurs ont chacun un ange au dessus de leur épaule, ça marche rarement. N'empêche..., c'est le seul engin dont on enseigne qu'il doit être facilement largable, mais dont je n'ai jamais entendu quoi que ce soit sur le bon moment pour le larguer.

Bloc de plongée: Objet très lourd inventé pour raccourcir la durée des plongées, quand t'as fini de le porter jusqu'au bateau, t'as même plus envie d'y aller. Merveilleux moyen de draguer pour plongeurs expérimentés: "laissez mademoiselle, je vous le porte, laissez faire", et après t'as une séance tartinage à base de Nifluril sur le bas des reins ou le haut des épaules par des mains expertes, le bonheur quoi... ou un tue-l'amour..., c'est selon! Evitez de confondre pommade anti-inflammatoire et vaseline… Il a dû être inventé par un kiné. Nécessite pour son gonflage l'usage d'un compresseur, objet bruyant mais indispensable. Quand le compresseur est très grand, le gonflage est rapide, mais nécessite l'intervention d'ingénieurs diplômés ET bricoleurs, quand il est petit, permet de s'entraîner au tarot, tellement c'est long. Un des grands sujets d'émerveillement des débutants, tant ils sont persuadés que les blocs se gonflent seuls. Et en plus, ils ne sont gonflés ni à l'ammoniac, ni au trinitrotoluène encore moins à l'oxygène, mais à l'air. Ne le dites pas, c'est le bonheur des MF1 que d'écouter la réponse à la fameuse question posée aux futurs BE tremblotants: " Et qu'est ce qu'on met dans le bloc?"

Détendeur et manomètre: Objets qui permettent du premier coup d'œil de distinguer un plongeur d'un joueur de ping-pong.

Gilet: Autre objet d'examen, ça se gonfle jamais à la bonne vitesse, pour le dégonfler, j'en parle même pas… quant à suivre les petites bulles, faudrait en plus avoir des lunettes de correction...Peut accessoirement servir à porter le bloc. Bariolé, fluo, pétant la santé, il est alors au plongeur ce que le goitre bleu est au fou de Bassan, un moyen d'appel pour femelles en goguette.

Palmes: Respect, respect et encore respect, c'est LE emblème du plongeur. On parle de voilure, on frôle l'aviation, on frise l'astronautique spatiale, c'est dire. En gros, petites, elles servent à rien, trop grandes elles explosent la cheville, mais comme c'est LE emblème, je ne connais pas un plongeur qui ne les ait aux pieds.

Coque rigide et moteur: Le bateau c'est l'accessoire du plongeur qui a réussi. Flottant, il est reconnaissable à son moteur qui ne fonctionne jamais aussi bien que lorsqu'il est essayé dans un vieux fut plein d'eau avant hivernage. Rend indispensable la mise à jour permanente des appareils de sécurité, notamment, pagaies, dames de nage et accessoirement huile de coude.

Et enfin le milieu naturel...


Mer: Etendue d'eau profonde pour plonger et y passer des brevets, surtout les épreuves gilet.

Océan: Comme la mer, mais permet en l'utilisant de faire croire qu'on a fait des études.

Piscine: Mer, un peu moins grande, pour passer des brevets aussi, mais il y a du carrelage, c'est pas du jeu. Le paradis des écologistes, plein de champignons et aucun prédateur, la nature originelle quoi….

Mer Rouge: Aquarium géant d'eau chaude et salée. Les poissons de rêve y sont, mais pas les parois en verre.

La Manche: Aquarium d'eau froide avec des poissons moins rigolos, parait-il. A au moins l'avantage de ne nécessiter aucun visa.

Les étangs de Hollande: Mare d'eau saumâtre où seul l'appel du brevet de N1 le soir au fond du bois permet de faire venir les futurs plongeurs. Permet de justifier l'achat de boussole par le club. En hiver, l'eau y est gelée... on y plonge quand même. Aucun poisson, aucune épave ne vient entraver la monotonie de cette eau rougeâtre mais opaque. Un point positif, permet d'envisager la bascule arrière.

Dauphin: Tout poisson un peu grand ( évitez d'étaler votre science : le dauphin, un mammifère ?, comme une vache ?, comme un ornithorynque ? au moins lui le dauphin, il pond pas d'œuf, quant à dire que c'est un odontocète...), son territoire un peu partout dans le monde, il est intéressant de dire qu'on les a vus, et caressés au cours d'une plongée ( ndlr: évitez de tenter le truc en sortant de la fosse..., tout le monde sait que le dauphin déteste le chlore).

Mérous: Poisson de Méditerranée, sympathique, aussi étonné de vous voir que vous de le voir.

Barracuda: Poisson sympa, surtout observé par ceux qui vont à des endroits où les autres ne vont jamais.

Requins marteaux: un peu comme le barracuda, mais un peu plus profond, les avoir vus laisse en plus supposer que vous êtes ou MF1 ou N4...

Epave: Toujours unique, très profonde, c'est le Capitaine Nemo qui aurait engrossé Robinson Crusoe, en général elles sont mieux quand on les a pas vues. Et encore mieux quand on les raconte ( surtout si on les a pas vues….).

Et pour finir:


Plongée aux mélanges : Art très particulier qu'ont les groupes auto-encadrés de mettre en commun après la plongée, le pastaga, le gros rouge, le saucisson et surtout les clopes. Quand ils ne vomissent pas avec tout ça sur le chemin du retour, on appelle ça avoir le pied marin. Mais quand c'est fait, on dit qu'on nourrit les poissons.

Plonger de nuit : Décider d'être glauque le lendemain.

Descendre tête la première dans le bleu: Je sais pas, j'ai passé mon MF1 à Cherbourg. Descendre tête la première, je sais ce que c'est, c'est ' bleu' que je comprends pas...

Apnée : Pratique sauvage mais pleine d'espoir qui voudrait qu'un plongeur réussisse en cinq minutes ce que la nature n'a pas réussi à faire en cinq millions d'année, se voir pousser des branchies. De cinq secondes à une minutes, on parle d'un plongeur normal. De une minute une seconde à cinq minutes, on parle d'apnéiste vrai, et passé cinq minutes, on appelle ça un noyé.

Autonomie: Le grand sujet, gonflés théoriquement à 200bars, quand les autres plongent, ils tiennent deux heures à soixante dix mètres, alors que vous quarante minutes à vingt mètres et pouf, plus d'air. C'est d'ailleurs leur très grande autonomie qui permet à certains plongeurs de caresser des barracudas après avoir flatté moult dauphins en remontant d'une plongée sur épave profonde, plongée où en plus on a croisé deux trois requins marteaux ( les raies manta étaient elles accaparées par des plongeurs allemands....) C'est à se demander si les poumons s'y mettraient pas aussi pour vous pourrir la vie, alors que le directeur de plongée et les moniteurs s'en chargent déjà.

Et la fin des fins :

Plongée sous-marine : Activité de promenade saine et calme, vendue comme sportive pour passer le temps en attendant la mort. Certains pensent qu'on la pratique pour passer pour des poissons…qui a taquiné le tourteau sous son rocher en le confondant avec le légume qu'il devient à l'étal du poissonnier trois jours après la marée sait bien qu'il n'y a rien à faire, et quoi qu'on en dise: sous l'eau, les poissons et autres merveilles sous-marines sont chez eux, et nous pas.